Certains l'appellent Bioéthanol, d'autres Superéthanol ou encore E85 raison de son pourcentage d'alcool.
Il faut savoir que la France est, de loin, le premier producteur d'éthanol en Europe. Ce carburant est fabriqué encore majoritairement à base de betteraves mais des usines pilotes de deuxième génération (à partir de déchets verts) commencent à voir le jour. Dans quelques années peut-être, la troisième génération (à base d'algues vertes) pourrait parvenir à se développer.
La production d'éthanol à partir de déchets verts avance...
Grâce à la forte augmentation du nombre de stations distribuant du Super-éthanol, la consommation d'E85 ne cesse d'augmenter avec le temps.
En 2023, la part de marché de l'E85 était de 6.9 %.
Outre l'importante économie réalisée sur le budget carburant, l'éthanol permet de réduire de manière significative la pollution d'un véhicule essence : 42.6% de CO2 en moins et deux fois moins de Nox.
L'indice d'octane plus élevé (106 à 85% d'éthanol) apporte du couple et donc une sensation de puissance accrue.
La baisse de température de combustion (jusqu'à 150° de moins) est très appréciée par les moteurs turbo qui deviennent ainsi plus performants et plus fiables.
Grâce à la quasi-absence de suie, le moteur et le système d'échappement ne s'encrassent plus. La durée de vie de l'ensemble sera donc allongée.
Son tarif très attractif, permet, malgré une surconsommation de 20% par rapport au SP95, une économie de 40% à 50% de votre budget carburant, suivant le prix du Bioéthanol et de l'essence à la pompe dans votre secteur. Par ailleurs, son prix est beaucoup moins soumis aux fluctuations de celui du pétrole.
Pour les VP des entreprises, le taux de récupération de la TVA est le même que pour le gazole (80%).
Enfin, la consommation d'éthanol contribue à la création de nombreux emplois en France et pèse positivement dans notre balance commerciale en réduisant l'importation de pétrole.
L'éthanol n'aime pas le froid et il ne s'enflamme pas au-dessous de 13°. C'est pour cette raison que l'E85 n'existe en fait que les 4 mois d'été. Le reste de l'année, la proportion d'essence augmente et peut atteindre 35% l'hiver et vous aurez donc du E65 dans votre réservoir. De plus, pour palier aux démarrages plus difficiles, notamment dans les régions froides, les boîtiers de qualité disposent d'une sonde de température externe et une gestion spécifique. Malgré tout, certains moteurs demanderont 2 ou 3 coups de démarreur le matin, notamment en automne et début d'hiver. Aussi, l'adjonction de 15 à 20% d'essence est parfois nécessaire dans cette période de l'année.
L'utilisation de l'E85 comme carburant entraînant une surconsommation, l'autonomie de votre véhicule s'en trouve naturellement réduite. De plus, les ordinateurs de bord calculent la consommation et l'autonomie restante selon l'information fournie par le calculateur ou ECU. Aussi, ces informations se trouvent faussées en cas de pose d'un boîtier éthanol, mais heureusement pas la jauge qui, elle, demeure mécanique.
Par ailleurs, pour les véhicules neufs, la garantie constructeur est annulée systématiquement. Il vaut donc mieux attendre la fin de celle-ci.
Enfin, malgré le nombre toujours plus important de pompes distribuant du Super-éthanol en France, la répartition demeure inégale selon les départements.
NB : aujourd'hui, les médias automobiles et les forums se contentent souvent de colporter des dires ou des rumeurs et induisent ainsi les automobilistes en erreur ; aussi le mieux est donc d'éviter d'en tenir compte...
Il faut se rappeler qu'à l'origine les moteurs thermiques ont été conçus pour utiliser de l'alcool dans la mesure où l'essence n'existait pas encore. On peut citer la Ford T sortie en 1908.
Beaucoup de moteurs acceptent un pourcentage important d'éthanol sans adaptation. Cependant, en pleine charge, la sonde Lambda ne corrigeant plus le mélange, le risque de casse est notable pour les calculateurs ne disposant pas encore de mémoire (avant 2000). De plus, les démarrages à froid seront, le plus souvent, très laborieux.
En ce qui concerne les joints, il faut savoir que la quasi-totalité des voitures n'utilisaient plus de matière naturelle comme le caoutchouc et pouvaient donc accepter de l'éthanol dès les années 90 et même 80 pour les japonaises.
Contrairement aux idées reçues, la carburation à l'E85 ne dégrade pas le pot catalytique, au contraire, elle allonge sa durée de vie grâce à une combustion beaucoup moins carbonée. Par ailleurs, l'abaissement de 150 ° environ de la température des gaz d'échappement, fiabilise nettement les turbos et augmente leur performance.
Afin d'éviter la formation d'acide formique, il est conseillé, par simple mesure de précaution, de rapprocher un peu les espacements entre les vidanges moteur, en particulier sur les voitures anciennes. En pratique, le risque est totalement anecdotique en Europe car l'éthanol produit est anhydre contrairement au Brésil où il peut y avoir 4% d'eau, d'où la nécessité de fabriquer des moteurs spécifiques pour ce marché.
Pour les véhicules récents, il arrive que le voyant moteur moteur s'allume à cause de température trop basse du pot catalytique, tout comme les systèmes Start & Stop qui peuvent devenir inopérant. De plus, dans certains cas, l'étincelle produite (par la bobine crayon) est insuffisante pour l'E85 générant ainsi des ratés d'allumage sur un ou plusieurs cylindres (notamment les bobines Bosch des moteurs VTI de chez PSA/BMW). Enfin dans de rares cas, le calculateur n'apprécie pas la présence d'un boîtier interférant sur l'alimentation des injecteurs provoquant des messages d'erreurs souvent incohérents.
Il faut également savoir que pour les kits comme pour les reprogrammations dites flexfuel, en cas de forte charge moteur (conduite sportive, remorquage lourd, déplacement très chargé en montagne...), il est indispensable de repasser à l'essence, du moins partiellement, afin d'éviter de se retrouver au-delà de la capacité des injecteurs et de risquer que le mélange soit trop pauvre entraînant un risque de casse moteur.
Pour les voitures anciennes, outre le filtre à carburant, il est fréquent de devoir changer la sonde lambda, souvent fatiguée, et la crépine de la pompe (voire la pompe elle-même), en raison des saletés accumulées avec le temps au fond du réservoir. Par ailleurs, avec l'E85, certaines pompes à essence réputées fragiles (essentiellement groupe VAG) verront leur durée de vie raccourcie.
Enfin, si le véhicule a déjà fonctionné plusieurs dizaines de milliers de kilomètres avec de l'essence, il arrive qu'un ou plusieurs injecteurs se bouchent. En effet, à l'essence de l'eau stagne au fond du réservoir avec plus ou moins de saletés (tout dépend de l'endroit où les pleins ont été effectués depuis le début, c'est un peu une "loterie"). L'éthanol étant hydrophile, ce fond va automatiquement passer dans le circuit d'injection. Les symptômes sont des difficultés à démarrer et un ralenti parfois instable ainsi que des trous à l'accélération. Dans ce cas, si la pression sur la rampe est correcte, il faudra démonter les injecteurs pour les nettoyer et changer les micro-filtres.
Pour éviter ces soucis potentiels mais heureusement rares, il faudrait idéalement vider et nettoyer le réservoir avant de fonctionner à l'éthanol. L'utilisation d'un nettoyant injecteurs essence avant de mettre de l'E85 semble plus prudent.
En pratique, les calculateurs (ou ECU), équipant les véhicules à injection électronique depuis 2008 (voire avant), sont capables, grâce à l'information fournie par la sonde lambda et quand celle-ci est suffisamment chaude, d'augmenter la quantité de carburant injecté jusqu'à une certaine limite (entre 40 et 50% d'éthanol). C'est pourquoi, ces moteurs acceptent sans difficulté 50% d'E85, voire 70% ou plus dans certains cas (suivant la période de l'année), mais peuvent poser des problèmes moteur froid et un risque de casse moteur à haut régime pour les voitures avant 2000. Au-delà de cette limite, le calculateur détecte, via la sonde lambda, une anomalie et affiche le voyant anti-pollution, engendrant, sur certaines voitures, le fonctionnement en mode dégradé, particulièrement désagréable...
Si la quantité de carburant s'avérait trop faible, le mélange air/carburant serait alors trop pauvre et le risque de casse moteur serait alors très rapide, surtout à pleine charge. Il est donc dangereux de rouler avec le voyant moteur allumé avec de l'E85 sans modification.
L'adaptation consiste donc à augmenter la quantité de carburant injectée de sorte à éviter l'affichage de ce voyant et permettre le fonctionnement du moteur à froid. Au final, le boîtier agit donc comme un simple leurre de l'ECU.
L'éthanol étant moins inflammable que l'essence la qualité de l'étincelle aux bougies doit être excellente. Aussi, celles-ci doivent avoir moins de 30 000 km. De même, des bobines crayons fatiguées nuisent à la puissance fournie à la bougie. Enfin, la sonde lambda amont doit réguler correctement le mélange, sachant que sa durée de vie se situe en 80 et 160 milles kilomètres.
En raison des malus liés aux émissions de CO2, la quasi-totalité des véhicules depuis 2020, sauf beaucoup d'hybrides, sont équipés de moteurs à injection directe émettant par ailleurs des particules fines obligeant, depuis 2019, la pose d'un FAP. Cette technologie a pour conséquence d'encrasser les soupapes d'admission réduisant de moitié la durée de vie des moteurs. Enfin, la gestion plus complexe de ce système d'injection se montre souvent, à terme, incompatible avec la pose d'un boîtier de conversion à l'E85. Pour vous aider à choisir un véhicule d'occasion pour rouler à l'E85 : cliquez ici.
NB : après plus de 20 ans d'utilisation en France et en Europe, aucune casse moteur n'est, à ce jour, imputable à l'utilisation de Superéthanol dans un véhicule qui a été correctement adapté pour rouler à l'E85.
Le reprogrammation consiste à une modification des données du calculateur (ou ECU). En théorie, cela peut paraître la solution idéale, à condition de réaliser deux cartographies : une pour le SP95/98 et l'autre pour l'E85 avec un interrupteur pour passer de l'une à l'autre. D'une part, ce n'est pas toujours possible avec le calculateur d'origine et d'autre part, le coût est élevé. Aussi, pour un fonctionnement flexfuel, la plupart augmente simplement la butée d'enrichissement. Cependant, il y a toujours un risque d'effacement du programme, lors d'une mise à jour à la concession et, la gestion des démarrages à froid avec l'E85 semble difficile à mettre au point (plus d'infos ici).
Le reprogrammeur ayant une obligation de moyens et non de résultat, il vous fait normalement signer une décharge pour se couvrir. Aussi, si cela ne fonctionne pas sur votre moteur, vous devrez, quand même, régler le temps passé. En cas de problème, seul celui qui a modifié le programme peut intervenir (à condition qu'il existe encore). Enfin, attention à certains autodidactes ou "apprentis sorciers" qui peuvent, dans certains cas, au mieux bloquer le calculateur et au pire engendrer une casse moteur (les procès sont malheureusement fréquents).
Exemple d'un grave problème lié à une reprogrammation : https://forum.avocats-auto.org/viewtopic.php?f=2&t=10280
La pose d'un kit éthanol offre l'avantage d'être facilement réversible en cas de problème sauf pour ceux dits "homologués". Dans ce dernier cas, les tarifs sont élevés, les installateurs souvent peu compétents et le SAV injoignable côté fabricant.
Si votre véhicule est encore sous garantie, il est conseillé d'attendre car la pose d'un kit éthanol, homologué ou non, risque en cas de problème, d'entraîner l'immobilisation de votre véhicule, pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, en attendant de déterminer les responsabilités. Le plus souvent ce sera un expert un expert mandaté par un juge qui finira par trancher.